Une lutte contre la culture du viol
Trois actualités montrant les avancées dans notre combat contre les violences sexuelles
Roman Polanski récompensé : une honte pour le cinéma français
Adèle Haenel, symbole d'un nouvel élan de #MeToo en France depuis qu'elle a accusé en novembre le réalisateur Christophe Ruggia "d'attouchements répétés", a quitté avec fracas la 45e cérémonie des César, vendredi 28 février, après que Roman Polanski a reçu le prix de la meilleure réalisation pour son film "J’accuse".
Le réalisateur de 86 ans est poursuivi par la justice américaine pour relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977. Depuis, il a été accusé de viols ou d'agressions sexuelles par onze autres femmes. Sur 12 nominations, Roman Polanski a remporté 3 Césars pour "J’accuse". Le réalisateur ne sait pas rendu à la cérémonie afin de ne pas « ne pas affronter un tribunal d’opinion autoproclamé ». Son équipe, y compris l'acteur Jean Dujardin qui joue le rôle principal, étaient également absents à la remise des prix.
"La honte", a donc scandé Adèle Haenel en quittant la salle Pleyel, suivie par la réalisatrice Céline Sciamma et quelques autres personnes, juste avant l'annonce du César du meilleur film. La comédienne avait ainsi estimé que "distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, 'ce n’est pas si grave de violer des femmes'"."Écoeurée", a de son côté commenté sur Instagram la maîtresse de cérémonie Florence Foresti. L'humoriste n'avait pas hésité tout au long de la soirée à mettre les pieds dans le plat en faisant plusieurs références acides visant Roman Polanski, sans jamais citer son nom.
Des militantes féministes, de leur côté, ont scandé leur colère à deux pas du tapis rouge, encerclées d’une horde de policiers. Les internautes se sont également indignés du choix du jury sur les réseaux sociaux. En réaction à l'onde de choc déclenchée par la célébration de Roman Polanski certaines ont même témoigné des viols dont elles avaient été victimes. Son sacre individuel a fait prendre "en quelques secondes (...) un tout autre tournant" à la grand-messe annuelle du cinéma français, écrit Le Figaro.
L’ex star d’Hollywood : coupable!
Les choses bougent à Hollywood! Le tribunal de New York a jugé lundi 24 février coupable de viol et d'agression sexuelle l’ancien producteur de cinéma : Harvey Weinstein. Le producteur de cinéma a été incarcéré à l'issue de ce verdict. L’accusation de comportement sexuel « prédateur », qui lui faisait encourir la prison à perpétuité, a été rejetée. Le producteur risque jusqu’à 25 ans de prison. Sa peine sera déterminée le 11 mars. Son avocate a de son côté déjà annoncé son intention de faire appel.
Le jury de sept hommes et cinq femmes a rendu son verdict après cinq jours de délibérations et un mois d'un procès ultra-médiatisé. Ils devaient se prononcer sur le témoignage de trois femmes, dont deux plaignantes, parmi les dizaines de femmes qui ont accusé Harvey Weinstein de violences sexuelles. Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer les accusatrices.
Sur les 5 chefs d'accusations contre lui, seuls les deux chefs les moins graves ont été retenus. C’est donc un verdict en demi-teinte mais une grande victoire pour le mouvement #metoo. Les avocats des victimes évoquent une nouvelle aire pour la justice. "Cela montre que la peur change de camp, la honte change de camp", a affirmé Floriane Volt, porte-parole de la Fondation des femmes;
Longtemps, les procureurs américains refusaient de poursuivre les viols commis par des connaissances, convaincus que les jurés ne croiraient pas les victimes. La condamnation d'Harvey Weinstein, après un procès emblématique du mouvement #MeToo, devrait lever leurs réticences face à cette forme courante de viol. Aux états-unis, comme dans le monde entier, les accusatrices de viols étaient considéré comme des "folles ou des filles faciles »… Le même procureur avait, en 2011, décidé d'abandonner les poursuites contre l'ex-directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn, accusé d'agression sexuelle par une femme de chambre d'un hôtel de Manhattan.
Le ténor Placido Domingo : renié en Espagne
Le ténor espagnol Placido Domingo, accusé de harcèlement sexuel par une vingtaine de femmes aux États-Unis, a déclaré mardi 25 février dans un communiqué qu’il était « sincèrement désolé » pour « la souffrance » qu’il leur a causée. "J'accepte toute la responsabilité de mes actes", a t-il déclaré dans un communiqué publié mardi. Il avait jusqu'à présent fermement nié les accusations le visant depuis 6 mois.
Dans une enquête publiée en août par l'agence Associated Press, neuf femmes ont affirmé avoir été harcelées par le chanteur lyrique de 79 ans à partir de la fin des années 1980. L'agence a publié en septembre une seconde enquête, affirmant que onze autres femmes, se disant elles aussi victimes, s'étaient manifestées.
Après ces accusations de harcèlement sexuel, Placido Domingo avait quitté en octobre la direction de l'opéra de Los Angeles, qu'il occupait depuis 2003. Il a aussi renoncé à se produire au Metropolitan Opera de New York tandis que d'autres opéras américains ont annulé ses représentations. Le ténor espagnol a en revanche continué à se produire en Europe.
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